II y eut à cette époque un autre prodige à peu près du même genre, ainsi que nous le raconta notre père Pierre, alors qu'à ce moment-là il demeurait encore à Jérusalem; et il vit lui-même ce qui arriva. Il disait donc que dans l'église appelée de la Piscine probatique, où le Seigneur guérit le paralytique, un jeune lecteur de ceux qui y étaient en fonction, qui accomplissait son jour (de garde), s'étant levé de bonne heure dans le lieu saint, vit clairement Jésus, notre Seigneur et notre Dieu, y entrer glorieux et entouré des saints. Quand (Jésus) vit que les lumières de l'église étaient les unes éteintes et les autres négligemment placées, il s'écria et dit « Que ferai-je à ceux auxquels j'ai donné de semblables biens, de l'huile et du vin ainsi que les autres objets utiles? Il ne leur manqua jamais rien, pour leur donner une raison d'abandonner et de négliger mon service. Malheur à Juvénal! il a fait de ma maison une caverne de voleurs et il l'a remplie de fornicateurs, d'adultères et de gens impurs. » Après avoir dit cela, il entra à la sacristie et il ordonna d'ouvrir les armoires où étaient les vêtements sacrés; ayant vu que là aussi il y avait de la négligence et d'autres choses semblables, il cria et dit à ceux qui l'accompagnaient « Prenez cela, vous (autres), lavez-les bien, répandez dessus du fenugrec et rangez-les comme il faut. » Quand cela fut fait, il sortit de la sacristie; il vit le lecteur qui par crainte s'était retiré et s'était caché, et il dit « Et celui-là, que fait-il ici? Faites-le sortir d'ici. » — Mais lui, tombant la face contre terre, dit « Aie pitié de moi! » — Et le Seigneur lui dit « Sors d'ici, je ne connais pas tes oeuvres. » — Et comme celui-ci demeurait prosterné et l'implorait, le Seigneur lui dit « Repens-toi donc désormais, mets fin à ta négligence. » — Et celui-ci lui dit: « Si tes miséricordes m'aident, je ferai ce que je pourrai. »
Quand le Seigneur eut disparu, (le lecteur) demeura à partir de ce jour et dans la suite dans une stupeur et dans une tristesse qui ne finirent jamais et il poussait sans cesse des gémissements inénarrables. Quand vint le jour, les diacres de cette église et les habitants qui se trouvaient à proximité (de ce lieu) accoururent et, en voyant qu'il était si triste et qu'il se lamentait (si fort), ils lui en demandaient la cause, celui-ci en toute confiance leur raconta la vision qu'il avait eue, et il confirma son récit en leur montrant les ornements sacrés ayant en effet ouvert les armoires, ils les trouvèrent brillant d'une lumière divine et comme couverts, au lieu de fenugrec, d'une poussière qui, chose étrange et tenant du prodige, dégageait une odeur remarquablement agréable, de sorte que, lorsque toute la ville en eut connaissance, les habitants accoururent à cette église. Moi-même et mon frère Jean, que son âme repose en paix! nous fûmes témoins de ce prodige comme nous passions par là. Quand Juré nul apprit cela, il ne put supporter la honte et le reproche (qui résultaient) de ce qu'on disait à ce sujet; rien en effet ne resta secret; il fit enlever pendant la nuit celui qui avait eu cette vision, et le fit disparaître; comment et où? Dieu le sait.
Le vénérable Pierre ajoutait ceci: « Je connais quelqu'un parmi les bienheureux qui vivaient en paix dans la ville sainte — parlait-il de lui ou d'un autre, il ne le montra pas d'une façon certaine; il dit donc: — Je connais ce (bienheureux) qui, après avoir eu une vision au temps de Juvénal et avoir vu les impuretés qui avaient lieu à l'intérieur du sanctuaire, ne voulut plus depuis ce jour entrer avec lui (Juvénal) dans l'église ni recevoir la communion de sa main, mais il la recevait à part à la sacristie la prévarication de Chalcédoine en effet n'avait pas encore eu lieu. » Mais quel était le saint qui eut cette vision, il ne nous le dit pas.
(transl. Nau)